Logements Collectifs

Bon Pasteur
29 logements

Construction de 13 logements en accession libre, de 6 logements à prix abordable et de 10 logements locatifs aidés.

  • Localisation : Lyon 69004

  • Maîtrise d’ouvrage : Neoxia promoteur immobilier

  • Architecte associé : Insolites Architecture

  • Montant des travaux : 4 000 000 € HT – 1 531 € HT/m² SHAB

  • SHAB : 2 090 m²

  • Ratio SHAB/SP : 0,86

  • Mission : Base + Exe

  • Concours lauréat 2018


Notre adhésion au mimétisme urbain et patrimonial local se traduit par la nature du plein aligné sur la rue puis qui s’évase sur la montée Allouche pour accrocher la ligne urbaine de l’immeuble voisin et par la nature du vide qui fragmente la masse par un jeu de transversalités étroites, laissant le regard s’emparer des vues profondes depuis la rue, stigmatiser un instantané sur des trouées vertes qui répondent en géométrie opposée à celles situées à l’autre côté de la rue et qui sont ouvertes à la vue sur la ville en contrebas.

Chaque bâtiment a sa matière : le premier à l’articulation de la rue Bon Pasteur et montée Allouche est construit en blocs de pierre naturelle massive, le deuxième en amont de la rue est construit en blocs de béton préfabriqué laissé brut. Cette double matière est une réponse pour entrer dans le principe des camaïeux d’enduits qu’on retrouve sur les immeubles alentour de la rue Bon Pasteur.

Le traitement commun des toits qui coiffent les bâtiments active la lecture homogène dans le fil de la rue en lien avec les bâtiments existants.

Le tramage vertical de la matière des façades participe à une perception d’élancement des masses vers le haut, sans rupture de langage dans l’expression des façades.

L’architecture du quartier s’appuie sur des codes prégnants : une minéralité faite de soubassement pierre et d’enduit pour les étages, des toitures de tuiles rouges, des séquences itératives des ouvertures et des pleins et une absence d’espaces extérieurs en dehors du gabarit pour les logements. Notre conception s’inspire de l’écriture historique du quartier pour élaborer un parti architectural qui s’imprègne de ces fondements, les réinterprète autrement sans véritablement les transgresser.

La question de la matérialité s’est très vite posée comme un préalable pour concevoir un projet qui exploite les qualités constructives de la matière mise en œuvre. Le choix d’un système constructif issue d’une filière sèche et de matériaux biosourcés est en partie guidé par l’exiguïté des rues, et le manque de place sur la parcelle. La construction bois est la première filière sèche envisagée, mais nous ne la trouvons pas compatible avec une expression minérale de la façade.

Nous nous sommes orientés très naturellement vers la pierre massive pour l’authenticité de son expression minérale, sans avoir à rajouter une vêture ou un enduit, et pour sa capacité à être assemblé par élément de grande dimension.

C’est une matière qui s’inscrit dans le paysage urbain du quartier avec élégance, sans rupture forte avec les expressions des autres façades, c’est une matière vivante et durable qui, par un jeu de modénature, s’appuie sur des épaisseurs et profils variables pour capter la lumière, l’accrocher par le grain de sa surface et entrer avec simplicité en résonance avec son environnement proche.

Matériau organique et biosourcé par excellence, la pierre est mise en œuvre selon les principes du tissage qui exploite les qualités physiques et morphologiques de la pierre et sa résilience.

Comme les canuts, ouvriers tisserands du XIXème siècle de la Croix-Rousse, nous travaillons la matière par couches de fils successifs dans un entrelas vertical et horizontal pour explorer tout le potentiel du maillage des fibres minérales entre-elles et nourrir l’expression de notre architecture.

Avec ce tissage, nous obtenons une lecture d’un fil primaire constituée d’un empilement vertical selon un rythme régulier, puis des remplissages de matière tissée d’épaisseur et de largeur variables, combiné avec des ouvertures qui viennent danser à l’intérieur de la trame verticale. La propagation du système sur toutes les façades active une lecture cinétique de l’ensemble en troublant la lecture entre loggias et ouvertures. L’ordonnancement dynamique et subtil exploite autrement la rigueur constructive naturelle de la pierre massive en l’exprimant sous une forme ludique. Les jeux d’alternance entre ouvertures et meneaux associés à l’épaisseur de la matière renforcent l’idée d’une lecture intemporelle et monolithique de l’édifice perceptible comme une résurgence issue des racines du sol.

Le tissage horizontal de la matière est constitué d’un fil de pierre qui marque les nez de dalle à chaque hauteur d’étage, sur lequel viennent taper les ouvertures et en effaçant la ligne de lecture de l’étage de duplex pour accentuer la verticalité qui fait écho à celle du rez-de-chaussée.

La modénature issue de la mono-matière parfois massive parfois légère est répétitive pour créer un amalgame permanent entre les différentes composantes du projet. Que ce soit les loggias, les ouvertures d’étage, les logements en duplex ou encore la zone dédiée au tertiaire, nous avons une lecture unique, rythmée et très peu identifiable de manière distincte de chacune des fonctions, affirmant un langage itératif en boucle qui dissout la lecture d’un socle constitué et où seules les hauteurs s’inscrivent dans une amplitude variable en concordance avec les hauteurs intérieures des volumes et s’étirer jusqu’en limite du rampant des toitures. Les loggias sont pensées comme des évidements de la matière creusée en profondeur, profilée et biseautée sur l’angle pour laisser le regard fuir vers l’horizon. La perception est intimiste et appartient sans ambivalence au volume interne du logement. Seules les terrasses amont sont prises dans l’épaisseur de la trouée entre le bâtiment neuf et le bâtiment existant du R+1 au R+3, offrant une vue directe et profonde sur la ville. Le dessin des menuiseries bois s’accompagne d’allèges pleines en pierre pour celles en contact avec la rue et d’impostes pleine en bois en limite de toiture au dernier niveau. Les occultations sont constituées de panneau bois dépliants et persiennes toute hauteur d’ouverture avec rangement dans l’épaisseur des tableaux en position ouverte.

Le principe architectural est décliné sur le bâtiment amont avec la volonté d’utiliser un autre matériau pour donner une identité ciblée à chacun d’eux. Nous faisons usage pour ce deuxième bâtiment de blocs de béton préfabriqué d’hauteur d’étage, au même nu sans jeu sur l’épaisseur et qui reprend le principe cinétique du premier bâtiment. Seules les toitures sont de la même matière pour associer les deux ouvrages.